Le financement quadratique : lorsque les mathématiques rencontrent le web3 👀
101ème correspondance de la Huge Letter
Crypto, Hebdo, Let’s Go !🥳
Les Huges Actus : ce qu’il ne fallait pas louper cette semaine ! 🔥
Une nouvelle proposition de loi pourrait bouleverser la DeFi 😮
Le département du Trésor des États-Unis, sous la direction de Janet Yellen, a proposé toute une série de nouvelles règles visant à simplifier les déclarations d'impôts relatives aux cryptomonnaies pour les Américains, mais également des propositions pour durcir la régulation des crypto.
Le but principal est de contrer l'évasion fiscale.
En effet, ces mesures sont là pour compliquer la tâche à ceux qui souhaitent échapper aux impôts sur le revenu et permettre de faciliter les démarches pour ceux qui souhaitent les déclarer.
Mais ce qui inquiète est que si ces lois sont adoptées, elles exigeraient que des exchanges crypto, y compris des DEX comme Uniswap ou des wallet comme MetaMask, seraient alors dans l’obligation de transmettre des informations de leurs utilisateurs à l'Internal Revenue Service.
A priori les DEX subiraient donc les mêmes règles que les CEX, bien que la décentralisation soit un enjeu clé pour ces plateformes.
Le Trésor déclare : « Ces règles alignent la déclaration fiscale des actifs numériques sur celle des autres actifs et, par conséquent, évitent un traitement préférentiel entre les différents types d'actifs. ».
Il estime que cela pourrait générer 28 Mds$ en taxes sur 10 ans.
Ces décisions ne font pas du tout l’unanimité dans l’écosystème, elle suscite de certaines inquiétudes avec des experts et politiciens qui mettent en garde contre les conséquences potentiellement négatives pour le secteur crypto aux US.
Ryan Selkis, le PDG de Messari (un outil DeFi) y voit même la fin des crypto aux USA : « pas d'avenir pour la crypto aux États-Unis ».
La SEC qualifie les NFTs de valeurs mobilières
La SEC a lancé sa première action d'application contre les NFT, ciblant Impact Theory, une entreprise médiatique de Los Angeles, les NFT de l'entreprise étaient commercialisés comme des valeurs mobilières non enregistrées.
La SEC a infligé des sanctions à l'entreprise et exigé la création d'un fonds de remboursement pour les investisseurs, soulignant que ces NFT n'étaient pas de simples objets de collection, mais des valeurs mobilières.
Impact Theory avait promu l'achat d'une "clé de fondateur" comme un investissement dans leur société, suggérant que les investisseurs auraient des profits significatifs si l'entreprise réussissait. Bien qu'ayant levé près de 30 millions de dollars grâce à ses NFT, Impact Theory pensait vendre de simples objets de collection.
Toutefois, la SEC a précisé que l'entreprise avait promis d'importants retours sur investissement basés sur la valeur de ces objets.
En conséquence, la SEC a infligé 6,1 M$ d’amendes à Impact Theory et ordonné la création d'un fonds pour indemniser les investisseurs.
Même si Impact Theory pensait vendre de simples objets de collection en ligne, la SEC a jugé qu'ils avaient offert d'importants profits aux investisseurs, classant du coup les NFT comme des valeurs mobilières.
Grayscale gagne son procès contre la SEC : bientôt des ETFs Bitcoin ?👀
La Cour d'appel des USA a statué en faveur de Grayscale, le plus grand gestionnaire de fonds crypto, contre la SEC concernant la conversion de son Grayscale Bitcoin Trust en ETF Bitcoin au comptant.
Suite à cette nouvelle, notre petit Bitcoin avait pris 5% sur 1h atteignant la barre des $27 460, cours qui est depuis revenu à la normale.
2 fonds Bitcoin futures avaient été approuvés par la SEC mais avait refusé celui de Grayscale. Cette décision avait été jugée "arbitraire et capricieuse" par la Cour. L’entreprise demande une révision de l’ordonnance de refus de la commission et soutient que son produit était similaire aux ETF déjà approuvés par la SEC.
Cela symbolise pour l’écosystème une petite victoire mais elle ne signifie en aucun cas que tous les ETF Bitcoin seront approuvés.
X obtient une licence pour proposer des services crypto aux USA
X (Twitter) a récemment obtenu une licence du Rhode Island pour offrir divers services liés aux cryptomonnaies. Cette licence est destinée aux entreprises souhaitant proposer des transferts d'argent, qu'ils soient traditionnels ou électroniques, ainsi que pour la gestion de la monnaie virtuelle pour le compte de tiers.
Ni X, ni Elon Musk n’a communiqué à ce sujet, tout se fait dans l’ombre.
D'après les documents officiels du Rhode Island, toute entreprise désirant offrir des services de transfert d'argent, qu'ils soient classiques (à l'instar de Western Union) ou électroniques (tel que PayPal), ou encore gérer des fonds pour ses clients, doit posséder cette licence.
Elle est également requise pour « maintenir le contrôle de la monnaie virtuelle ou des transactions en monnaie virtuelle pour le compte d'autrui ».
Cela englobe par ailleurs les services de portefeuilles de cryptomonnaies ou encore les exchanges crypto.
On ne sait pas ce que nous réserve Elon Musk, c’est encore difficile à dire. Mais notons qu'il est aujourd'hui possible d'effectuer des dons en Bitcoin (BTC) sur la plateforme, X se montre donc plutôt accueillante envers cette forme d'échange.
Mais X se veut être la plateforme la plus complète en matière de réseau social, alors un système de paiement, pourquoi pas.
Le financement quadratique : qu’est-ce que c’est ?🪙
Pendant l’année 2018, Vitalik Buterin, Zoë Hitzig et E. Glen Weyl publient un article de recherche introduisant une nouvelle manière de financer les biens publics : le quadratic funding. Un concept qui pourrait révolutionner notre manière de financer des biens publics.
Un bien public par définition c’est un bien non rival et non excluable, autrement dit la consommation d’un agent sur ce type de bien n’a pas d’impact sur la quantité disponible pour les autres agents. Per exemple on y retrouve toutes les infrastructures publiques comme les routes, les parcs, les forêts…
On considère quelque chose de public à partir du moment où l’on peut en disposer gratuitement sans en restreindre l’accès.
1 - C’est quoi le financement quadratique ? 🤔
Une définition à été proposée par Gitcoin, une plateforme qui facilite le financement participatif et la collaboration pour des projets open source du Web3, le financement quadratique serait :
“le moyen mathématiquement optimal de financer les biens publics dans une communauté démocratique “.
En français ça revient à dire 3 choses :
Le financement est mathématiquement optimal, c’est à dire que le financement reçu correspond est le carré de la somme des racines carrées des contributions faites par les financeurs. Pour comparer dans un marché privé classique, le financement reçu par un prestataire est la somme des contributions faites par les financeurs.
Le financement quadratique cherche à résoudre le problème du passager clandestin : soit une situation où un individu bénéficie des avantages d'un bien public sans avoir à en supporter les coûts ou les responsabilités associées.
Le financement quadratique met l’accent sur le nombre de dons plutôt que sur le montant de ces derniers. Les contributions versées par un plus grand nombre sont compensées plus généreusement que les contributions faites par un moins grand nombre de personnes.
Cette pratique encourage un plus grand nombre de dons chez les personnes souhaitant faire des dons modestes afin de privilégier la diversité et l’équité.
De plus, les plateformes de financement quadratique sont pour la majorité open source et transparentes quant à la répartition des dons et au suivi des projets financés.
2 - Comment fonctionne vraiment le financement quadratique ?
Imaginons que demain, tu dois créer une application blockchain et que pour récolter des fonds et tu choisis de te tourner vers le financement quadratique.
Un ensemble des contreparties est alors constitué auprès de premiers donateurs. Ces donateurs peuvent être des individus, des entreprises, des protocoles, des entités publiques, des organisations autonomes décentralisées (DAO), etc.
Puis vient le financement participatif de la communauté, comme une sorte de crowdfunding classique où les fonds collectés dans le pool de contrepartie sont utilisés pour amplifier les contributions des projets individuels.
Imaginons qu'une entité publique ait 1 000 € à distribuer entre deux projets, A et B.
La première étape consiste à définir le poids de chaque projet en termes de votes. Ce poids, ou "pouvoir de vote", reflète l'impact d'un donateur sur la distribution des fonds à un projet. Pour le déterminer, on utilise la racine carrée du montant donné par chaque contributeur à un projet.
En sommant ces racines carrées et en élevant le total au carré, on obtient le pouvoir de vote.
Pour le projet A, qui a reçu quatre dons de 100 € (soit 400 € au total), le calcul est le suivant :
PVA = (4 x √100)² = 1 600.
Le projet B, ayant reçu vingt dons de 20 € (également 400 € au total), a un pouvoir de vote de :
PVB = (20 x √20)² = 8 000.
Une fois ces pouvoirs de vote définis, on calcule le ratio de chaque projet en divisant son pouvoir de vote par le total des pouvoirs de vote. Ici, le total est de 9 600 (1 600 + 8 000). Ainsi :
- Le ratio pour A est de 0,17 (1 600 / 9 600).
- Le ratio pour B est de 0,83 (8 000 / 9 600).
En multipliant les ratios par la somme totale disponible (1 000 € ici), on observe que le projet B obtient une plus grande part du financement que le projet A : 830 € pour B contre 170 € pour A.
Cela illustre l'essence du financement quadratique : privilégier le nombre de contributions plutôt que leur valeur individuelle.
3 - Quels sont les freins à l’adoption du financement quadratique ?
Ce mode de financement est très utile pour répatir de manière mathématique les financement des biens publics mais il présente plusieurs freins à son développement.
Difficile de mesurer l’impact d’un projet : il est souvent arbitraire et donc rend la distribution des bourses compliquée et potentiellement inéquitable.
Chaque projet a une opportunité égale d'obtenir des financements, ce qui peut pousser certains à privilégier leur stratégie marketing au détriment de la substance réelle du projet. Ainsi, les projets avec des campagnes marketing intenses tendent à obtenir plus de financements, une situation peu idéale, surtout lorsqu'il s'agit de biens publics.
Inadapté pour les projets financés à court terme : Selon les mots de Meg Lister, cheffe de produit chez Gitcoin Grants :
« Le financement quadratique n'est pas la meilleure option pour obtenir des résultats directs. Les propositions de financement rétroactif ou les subventions basées sur des primes sont bien mieux adaptées à l'achèvement de projets à court terme. »
4 - Pourquoi le Web3 s'accorde-t-il si bien avec le financement quadratique ?
La technologie blockchain peut grandement optimiser l'efficacité du financement quadratique.
Grâce aux smart contracts, il est possible d'automatiser tout le mécanisme de financement, minimisant ainsi les chances de malversations et assurant une distribution équitable des fonds, le tout étant transparent et vérifiable par quiconque.
De plus, la nature décentralisée de la blockchain rend le financement quadratique plus accessible aux entités plus petites ou moins ressourcées, tout en favorisant l'engagement de communautés variées.
En fin de compte, malgré ses inconvénients, le financement quadratique semble être une étape importante vers un avenir où les biens publics sont financés de manière plus équitable, transparente et démocratique. Il est passionnant de voir comment cette méthode évoluera et sera adoptée à plus grande échelle dans les années à venir.
Comment le web3 peut décentraliser l’économie mondiale ? 🙂
Décentralisation et Web3 :
Des chercheurs du MIT voient la blockchain comme la nouvelle révolution d’internet entraînant une perturbation économique sans précédent.
Cette vague arrive et elle est massive.
Les technologies Internet de nouvelle génération ont été décrites lors de la Conférence annuelle MIT IDE le 18 mai par des chercheurs travaillant dans le groupe de recherche IDE Web3 nouvellement formé.
Dirigé par le professeur du MIT et directeur de l'IDE, Sinan Aral, l'objectif de ce groupe est les architectures technologiques décentralisées, principalement basées sur la blockchain, qui servent de cadre aux modèles économiques, aux monnaies et aux interactions sociales qui rompent avec le passé.
Aral a déclaré que les recherches du groupe ne seraient pas guidées par le battage médiatique que cela engendrerait, mais se concentreraient sur “ la manière dont Web3 peut apporter des changements significatifs et durables à l'Internet actuel qui auront un impact sur la finance, la technologie et les stratégies commerciales.”.
L'Internet tel que nous le connaissons ne sera pas remplacé de sitôt, mais le rythme de développement de Web3 s'accélère clairement.
Les chercheurs de l'IDE étudient si des décennies de règles économiques établies qui ont façonné les modèles Internet de première et deuxième génération sont toujours valables, et comment les écosystèmes décentralisés peuvent être plus efficaces et sécurisés. De plus, quels seront les résultats de ces changements hautement perturbateurs ?
Voici le lien de toute la conférence si vous voulez la voir dans le détail.
Principes fondamentaux de la décentralisation
L'associé de Sinana Aral, Harang Ju a offert quelques bases sur Web3 lors de la conférence. Fondamentalement, a-t-il dit :
« la décentralisation est une caractéristique clé des réseaux blockchain permettant une confiance distribuée, des protocoles ouverts et un consensus parmi les participants. »
Mais il a ajouté :
« La décentralisation peut varier considérablement d'un réseau blockchain à l'autre", et une investigation plus poussée est nécessaire. »
De plus, ils peuvent posséder des actifs et des monnaies numériques "nativement" sur Internet sans intermédiaires. Par exemple, a déclaré Ju, les paiements et les monnaies peuvent être échangés ou négociés sans banques centrales ou services comme Venmo.
Au lieu de cela, les technologies et les registres blockchain suivent les transactions en fournissant un accès individuel et une sécurité. À terme, cela conduira à une finance décentralisée (DeFi) qui inclut la tokenisation, comme les tokens non fongibles (NFT).
Ju et d'autres chercheurs de l'IDE soutiennent que les réseaux centralisés d'aujourd'hui sont en réalité moins sécurisés et plus vulnérables aux piratages que les conceptions Web3 qui n'ont pas de point unique de défaillance.
Certes, dans ces premières années, il y a de nombreuses mises en garde à surveiller et à examiner. Parmi les projets de Ju figure la création d'un tableau de bord en temps réel pour surveiller l'état des fluctuations de Web3, telles que les variations du marché, les changements de propriété et la conception de la blockchain.
De nouveaux principes économiques et l’évolution de l'économie numérique
Un autre chercheur postdoctoral de l'IDE, Madhav Kumar, a également souligné à quel point l'économie numérique s'est transformée au cours de la dernière décennie et comment la propriété numérique évolue.
Kumar a noté que “ lorsque nous passons de Web2 à Web3, nous devons également revoir les principes économiques et les hypothèses de longue date.”
Par exemple, les stratégies des Règles de l'information écrites par Carl Shapiro et Hal Varian en 1999, peuvent ne pas s'appliquer à un monde de DeFi, de NFT et de places de marché basées sur la blockchain. Lorsque le livre a été écrit, les chercheurs s'attendaient à ce que les technologies de l'ère de l'information changent, mais pas les lois économiques sous-jacentes.
L’ère d’intelligence artificielle que nous connaissons aujourd’hui est une combinaison de forces est à l'œuvre qui pourrait changer les croyances antérieures.
Avec des coûts de production plus bas cela réduit également notre capacité à produire et à créer des biens. De plus, l'interopérabilité remplacera "l'enfermement à long terme et les coûts de changement élevés", créant des réseaux plus ouverts pour davantage d'utilisateurs.
De plus les IA génératives telles que ChatGPT par exemple vont accélérer toute transition vers de nouvaeux réseaux.
Quand tout cela se produira-t-il ?
Aral a déclaré que "nous sommes à l'aube de Web3 en ce moment", et certaines de ces idées sont encore aspirantes. "J'aimerais que Web3 soit open source, partagé et équitable, mais nous pourrions également être à un point de basculement d'un marché où le gagnant rafle tout. La promesse de décentralisation de Web3 n'est pas encore là."
L'avenir de la décentralisation et les défis de sécurité
Après avoir saisi les fondamentaux de Web3 et de la décentralisation, on peut envisager comment ces concepts pourraient s'élever davantage.
Alex ‘Sandy’ Pentland, à la tête du groupe de recherche MIT IDE et expert reconnu sur les sociétés orientées données, a partagé lors de la Conférence annuelle IDE ses réflexions récentes sur la création d'une économie décentralisée.
Pentland imagine un futur où les domaines tels que la finance, la production, les données et les ressources humaines sont décentralisés. Cette vision bouleverserait profondément les rôles conventionnels des entreprises et des travailleurs, souvent désignés comme Organisations Autonomes Distribuées (DAO). "Créer une économie décentralisée est l'un de nos défis majeurs", a-t-il souligné.
Pour y répondre, nous devons repenser l'Internet actuel et adopter des stratégies innovantes.
Il a rejoint l'avis d'autres experts de l'IDE lors de cette conférence, affirmant que les structures basées sur la blockchain pourraient être une réponse à la hausse des cyberattaques. "Nos systèmes numériques actuels, qu'ils soient sociaux, financiers ou commerciaux, sont vulnérables à la fraude, aux violations de données et sont souvent inefficaces", a-t-il observé.
Selon lui, la tokenisation, les registres distribués vérifiables et l'intelligence artificielle font partie de la solution, car ils éliminent les points de vulnérabilité uniques.
Pentland travaille activement à l'élaboration de vastes structures décentralisées pour diverses entités, dont des entreprises, des gouvernements comme Singapour et l'Australie, et des organisations internationales.
Son équipe se penche sur les aspects logiciels, réglementaires, politiques et juridiques qui appuient ces organisations décentralisées.
Le but est de favoriser l'innovation et d'optimiser les transactions tout en préservant la confidentialité des données personnelles. Pentland a noté que la Chine est en pointe dans le domaine de la blockchain et qu'un engouement croissant pour ces concepts émerge.
Toutefois, il reconnaît que "nous continuons d'apprendre chaque jour".
C’est terminé ! 🥰
Merci de nous avoir lu, on se retrouve la semaine prochaine à la même heure pour encore plus de contenus crypto !
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